1. Peter Levine – Fondateur de Somatic Experiencing®
Le trauma n’est pas l’événement, mais ce qui reste bloqué dans le corps.
Levine montre que lors d’un choc, le système nerveux peut rester figé en mode survie :
- figement / sidération (freeze)
- hypervigilance
- dissociation
- tension musculaire chronique
- incapacité à se sentir en sécurité
🔹 Concepts clés
- Décharge inachevée : l’énergie mobilisée pour survivre n’a pas pu être déchargée → elle reste « coincée » dans le système nerveux.
- Mémoire somatique : le corps porte l’empreinte du traumatisme même si la personne ne peut pas tout verbaliser.
- Titration : travailler par petites doses pour éviter la retraumatisation.
- Pendulation : aller doucement entre une zone de confort et une zone plus activée, pour permettre au système nerveux de se réguler.
🔹 Pourquoi cela soutient la somatothérapie
La somatothérapie rejoint directement ces principes :
- En travaillant sur la perception corporelle et les sensations, elle permet de relâcher les tensions liées au trauma.
- Elle aide les victimes à sortir de l’état de figement et à retrouver la capacité à ressentir.
- Elle favorise la reconstruction de la sécurité intérieure en douceur.
- Elle ne force jamais la parole si la personne ne peut pas encore raconter son histoire — ce qui est exactement ce que préconise Levine.
2. Bessel van der Kolk – Psychiatre, auteur de “Le corps n’oublie rien” (“The Body Keeps the Score”)
🔹 Idée centrale
Le traumatisme modifie l’architecture du cerveau et du système nerveux, et le traitement doit impérativement passer par le corps.
🔹 Ses apports essentiels
- Le trauma désorganise les zones du cerveau liées à :
- la régulation émotionnelle
- la perception corporelle
- le langage
- la mémoire
- Les victimes peuvent ne pas réussir à “parler” de ce qu’elles ont vécu car les régions verbales sont sous-actives durant la détresse traumatique.
D’où l’importance des approches somatiques qui :
- restaurent la perception du corps (interoception)
- réactivent les zones du cerveau impliquées dans la sensation de sécurité
- apaisent le système nerveux autonome
- permettent de remettre de la cohérence là où il y a eu fragmentation
🔹 Les interventions que Van der Kolk valide
Il valorise :
- le yoga thérapeutique
- le mouvement conscient
- les approches centrées sur les sensations corporelles
- les thérapies d’intégration sensori-motrices
- les approches polyvagales (voir "Notre monde polyvagale" de Stephen Porges)
Cela correspond exactement au travail somatothérapeutique bien mené.
🔹 Pourquoi cela soutient la somatothérapie
La somatothérapie :
- améliore l’interoception, ce qui est crucial pour les victimes (qui souvent “se coupent de leur corps”).
- redonne un sentiment de contrôle sur leurs sensations et réactions.
- aide à retrouver une cohérence entre corps et émotions, indispensable à la reconstruction post-traumatique.
- permet une reconnexion sécurisée à soi, ce qui est la base de toute résilience.
En résumé la Somatothérapie travaille sur :
✔ la sécurité intérieure
✔ la réappropriation corporelle
✔ la régulation du système nerveux
✔ la compréhension des signaux corporels
✔ le relâchement des tensions liées au figement traumatique
✔ la capacité à se recentrer, à respirer, à s’apaiser
Tout cela sans forcer la verbalisation, ce qui est essentiel pour les victimes de violences.